Cet article du Monde rend compte d'une exposition à Branly sur la civilisation Mochica :
http://www.lemonde.fr/arts/article/2018/03/22/au-perou-les-mochicas-un-modele-de-societe-pour-les-incas_5274650_1655012.html
« Aujourd’hui, on travaille dans la zone urbaine, pour comprendre le quotidien des gens que parfois on oublie. Comment vivaient-ils, mangeaient-ils, se soignaient -ils ?, interrogeait l’archéologue Santiago Uceda Castillo. Leur divinité principale est le dieu-montagne, représenté par le Serro Blanco, le pic sacré dominant le site.
Voilà, tout est dit. Les archéologues veulent étudier et nous dire comment des gens ont vécu au quotidien, et ce dont parle l'article d'un bout à l'autre, et vraisemblablement aussi le musée, c'est de cultes, de déités, de temples, d'astrologie, de sacrifices et de cimetières.
Je vais vous dire un truc : les "bouteilles cérémonielles", c'était tout bêtement de jolies carafes pour mettre de l'eau sur la table. Le goulot qui "évoque la rivière et ses canaux de dérivation" était une invention bien pratique pour verser, et constituait une indication tout aussi "rituelle" que "FARINE" marqué sur le bocal à trois sous que vous pouvez acheter au bazar du coin. La cruche "anthropomorphe" représentant un "prisonnier aux yeux exorbités" qui "dit l'usage de substances hallucinogènes" - oui, c'est certainement vrai, mais que de mots ronflants pour décrire l'équivalent d'une bouteille de liqueur dont l'étiquette représente un moine rubicond ! On n'a pas de raison d'imaginer a priori que les Mochicas organisaient des cérémonies divinatoires avec les plantes hallucinogènes cueillies dans des forêts sacrées - ce qui se passait en fait, c'est qu'ils se murgeaient en toute convivialité avec ce qu'ils avait trouvé pour ça, comme n'importe qui.
Les "figures propitiatoires ornant les temples, chargées de chasser les mauvais esprits, etc. etc. etc." ne sont rien d'autre que les Mariannes de nos mairies et les bustes de Molière sur la façade de nos théâtres - si seulement ils pouvaient chasser le mauvais esprit et les ratages de mise en scène ! Le "tambour monoxyle destiné à rythmer les danses rituelles pour le bon appariement des couples" n'est finalement rien d'autre que la sono du bal du village.
Ce ne sont que des différences de mots, et les scientifiques ont certainement besoin d'un jargon précis, mais là, on est dans une exposition dans un musée grand public et dans un article de journal non spécialisé. Est-ce qu'on nous montre des gens en partant du principe qu'ils étaient comme vous et moi, ou bien est-ce qu'on nous donne à reluquer des sauvages étranges et barbares ? Heureusement que les Mochicas sont morts, sinon Branly les traiterait encore comme la Vénus hottentote !