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Après les énormes succès des ampoules électriques basse consommation, de la protection des données personnelles, la Commission Européenne annonce dans tous les médias une nouvelle action entremêlant consommation, lobbys et environnement : il s'agit de combattre la pollution marine en interdisant les objets en plastique à usage unique.

N'importe quel habitant de l'Europe qui a un jour essayé de trier ses ordures aura constaté que la poubelle à emballages se remplit dix fois plus vite que les autres, et que les objets en plastique à usage unique (cotons-tiges, couverts en plastique, pailles, ...) ne représentent qu'une petite partie du plastique que nous utilisons et relâchons dans l'environnement. Le suremballage est un problème bien plus massif que les objets à usage unique. Et par chance, bien plus simple à résoudre :

Il suffirait que la Commission Européenne aille parler à la grande distribution (une dizaine d'entreprises à tout casser, dont elle pourrait recevoir les pédégés un par un pour les convaincre) pour qu'on ne nous vende plus une barquette et un filet en plastique à chaque fois que nous achetons 500g de courgettes bio ni un quart de litre de polystyrène sous chaque biftec. Elle pourrait ensuite aller voir Nestlé et Procter & Gamble pour exiger que les yaourts soient vendus en pots d'1 kg et non plus par mini-portions (les pots de yaourt sont aussi des objets en plastique à usage unique, mais ça Commission Européenne ne semble pas l'avoir vu), que les bonbons soient emballés d'une seule couche de plastique et pas de trois, et que les savons emballés dans du papier soient moins chers que les gels-douche en bouteille en plastique.

Alors pourquoi ne le fait-elle pas ?

Les deux derniers grands succès de la Commission Européenne dans des domaines comparables nous permettent de comprendre ce qui motive cette bienfaitrice de l'humanité.

Les ampoules électriques basse consommation et LEDs ont été imposées aux citoyens européens sous prétexte d'économies d'énergie.
La consommation énergétique des citoyens européens n'a en aucun cas diminué. L'éclairage ne constitue de toute façon qu'une toute petite partie de la consommation d'énergie (exactement comme les objets à usage unique ne constituent qu'une toute petite partie des plastiques), et la faiblesse des nouvelles ampoules a encouragé une explosion du nombre de lampes, loupiotes et clignotants à tous les étages, depuis les chaussures pour enfants jusqu'aux détecteurs de fumée.
Bien entendu, le fait que les nouvelles ampoules contiennent des ressources rares et produisent des déchets bien plus polluants que les anciennes n'a pas été pris en compte.
Mais voilà : les nouvelles ampoules coûtent au consommateur environ dix fois plus que les anciennes. La Commission Européenne a donc surtout organisé le rançonnement des citoyens par les multinationales de production et de distribution d'ampoules électriques. Tout le reste a été sciemment ignoré.

Au moins un des aspects de la protection des données, le cryptage, procède de la même idée.
Crypter les données qui transitent sur internet est un procédé disponible depuis des lustres dans tous les navigateurs et tous les serveurs. Ça ne coûte strictement rien, toutes les opérations concernées représentent des temps de calcul négligeables devant l'accroissement permanent du trafic, et elles sont entièrement automatisées. Quelques grandes entreprises américaines ont inventé de rendre payante une des étapes du processus (la délivrance d'un certificat), et pendant des années, les services secrets de surveillance ont exercé leur force de lobbying pour freiner l'adoption de cette mesure élémentaire de sécurité.
Si elle voulait vraiment protéger nos données, la Commission Européenne aurait pu mettre en place un service automatique et gratuit de fabrication de certificats. Mais évidemment, elle s'est contentée de rendre le cryptage obligatoire, à charge pour chaque webmaster de toute l'Europe d'acheter un certificat (25 € / an) auprès de son hébergeur, lequel l'obtient, moyennant finances, d'une des trois sociétés américaines qui en ont l'oligopole. La Commission Européenne a ainsi encore une fois organisé le rançonnement de toutes les PME et associations de l'Europe au profit d'une poignée de multinationales.

Que va-t-il se passer pour les objets en plastique à usage unique ?

Leur interdiction va donner l'occasion aux fabricants et aux distributeurs de les remplacer par des produits identiques en bois, en papier, en ouate de cellulose. Ces produits ne sont pas moins polluants : la fabrication et le recyclage du papier sont des horreurs environnementales et les divers adjuvants et cires nécessaires pour l'étanchéifier restent dans la nature presque aussi longtemps que les plastiques. Mais voilà : ce remplacement permettra de doubler ou de tripler les prix en magasin, et une poignée de multinationales (fabriquants et grande distribution) se partageront le pouvoir d'achat des citoyens européens.

Pour comparaison : limiter le suremballage aurait réduit le coût et le prix des produits, surtout de ceux où l'emballage représente une grande part des coûts de production et de distribution. Mais jamais l'Europe ne promulguera de résolution aussi visiblement contraire à la croissance et aux intérêts des multinationales...

Tag(s) : #Europe, #Environnement, #Pollution, #Plastique, #Consommation, #Lobbys, #Politique
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