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Un groupe de professionnels de santé publie cette tirade dans Le Monde :
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/06/15/les-dangers-de-la-pornographie-chez-les-jeunes_5315536_3224.html

Alerte, alerte, les jeunes regardent trop de vidéos de cul sur leurs téléphones portables !

Les professionnels de santé qui signent cette tribune ne semblent pas avoir compris que la santé publique est une affaire de statistiques menées correctement et pas d'estimations au doigt mouillé du fond du cabinet. 9% des enfants ont déjà vu une image porno, et combien au juste se retrouvent chez le psy à cause de cette rencontre ? "Nous voyons des jeunes qui" : combien de jeunes ? Les médecins ne voient que des malades, c'est bien évident, mais le nombre de malades justifie-t-il d'interdire quelque chose à la population entière ? Et puis, un peu de sérieux, MM. les addictologues : le branleur qui s'enferme dans sa chambre n'est pas un danger pour la société, c'est sa dépression qui le mène à regarder de la pornographie et non pas l'inverse, et il y avait des obsédés sexuels bien avant l'invention du téléphone portable !

Le comble de l'inconsistance de ce discours moralisateur est atteint en ce qui concerne les violences faites aux femmes. Il est bien connu que c'est dans les milieux imprégnés de religion que les violences faites aux femmes sont les plus fréquentes, or, l'article le dit, ce sont les jeunes de ces mêmes milieux qui refusent la pornographie - ou d'en parler. Pas besoin d'être un grand devin pour voir que les adolescentes "qui ne connaissent pas leur corps, en situation d'emprise" rencontrées au Planning familial sont issues des mêmes milieux, et pas besoin d'avoir vécu en Arabie pour savoir que la sodomie non consentie est particulièrement pratiquée là où la virginité a de l'importance. En fait, les adolescents qui regardent de la pornographie et n'en font pas mystère sont MOINS violents envers les femmes que ceux qui la refusent ou qui la cachent !

La pornographie fait tout simplement partie du mouvement d'affranchissement des religions de la morale du XIXe siècle initié en mai 68, mouvement qu'il faut soutenir face aux obscurantismes. Interdire le sexe et la représentation du sexe a TOUJOURS nui aux femmes et aux jeunes filles, ce n'est pas une option défendable. Au contraire, les psychologues devraient se réjouir que la facilité d'accès à la pornographie vienne combler le hiatus entre l'âge où les jeunes s'intéressent au sexe pour des raisons physiologiques et l'âge où la loi leur permet de passer à la pratique, ainsi que la différence entre ce dont les gens rêvent et ce qui est réellement possible.

On ne peut qu'être d'accord avec le dernier paragraphe, qui réclame que l'école enseigne aux enfants que la pornographie, c'est du cinéma. Le cinéma est une très bonne chose, et la pornographie aussi. Nos professionnels de santé bienpensants devraient plutôt s'engager pour la protection sociale des actrices et l'amélioration de leurs conditions de travail.

Tag(s) : #Politique, #Santé, #Sexe, #Éducation sexuelle, #Addictions, #Pornographie, #Morale
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