Cet article judiciaire du Monde nous informe que
Le prévenu a été condamné à six mois de prison avec sursis, une peine assortie de l’obligation d’accomplir un travail d’intérêt général (TIG) pendant 180 heures. Le tribunal lui a également imposé de trouver un emploi ou une formation, ainsi que de voir un psychologue.
Dans l'état actuel du marché du travail, trouver un emploi relève du hasard et de la chance, surtout vu la position sociale du condamné. La Justice organise même la raréfaction de la "ressource" concernée en imposant des TIG, c'est-à-dire en transformant en bénévolat forcé des activités qui, sinon, seraient des emplois adaptés à la situation.
Est-il moralement acceptable de condamner quelqu'un à avoir de la chance ? Une Justice qui utilise le hasard est-elle juste ?
Et est-il éthiquement tolérable de condamner quelqu'un à avoir de la chance juste après avoir explicitement organisé une réduction de ses chances ? Une Justice qui fait ça sera-t-elle respectée ou haïe ?
La probabilité que cette condamnation soit effectuée est de toute façon très faible : il n'y a pas d'emploi pour les repris de justice, il faudra déjà être satisfaits s'il mendie avec succès son mois de TIG, et comme ni la Justice, ni la police, ni les services sociaux n'ont les moyens d'assurer le suivi de ce genre de condamnations, il n'est même pas certain que qui que ce soit se souvienne un jour des délais qui lui ont été notifiés. Bref, la Justice lui a collé un sermon assorti d'un avertissement plus ou moins crédible, il comprendra si c'est un bon garçon, et si c'est un mauvais garçon, cette condamnation le fera tomber dans la case "récidiviste" sans perspective d'en sortir.
Est-ce bien? Est-ce mal? Cet épisode vaut-il les efforts et l'argent que la société y a consacrés ? Y aurait-il d'autres manières de s'y prendre, et lesquelles ? Hm. N'y touchons pas tant que ça marche à peu près...